
No. 144
Au commencement était l’aurochs. Le fauve du Vieux Monde fut d’abord chassé, avant d’être sacralisé. Sous l’impulsion des jeux romains, la géographie taurine se met en place : la péninsule Ibérique, le sud de la Gaule. La tauromachie est en gestation. À cheval en Castille, à pied en Navarre. Le XVIIIe siècle l’anoblit : immense paradoxe, elle devient populaire. L’âge romantique la justifie : c’est la «fiesta nacional», l’âme espagnole à l’état pur. Le XXe siècle fait éclater les frontières. Signe, si besoin était, que le rituel tragique où se joue la mort possible est une nécessité humaine, éternelle.
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